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"content": "Comment je suis devenu nationaliste et indépendantiste:<br /><br />Je suis né à Montréal de mère française et de père belge, chacun d'eux ayant un parent allemand. Mes grands-parents paternels ayant immigré en Ontario, cette branche de la famille s'est rapidement assimilée au Canada anglais [mes cousins habitent aujourd'hui dans le reste du Canada et sont incapables d'avoir une conversation en français]. Élevé dans l'ouest de Montréal, j'ai fréquenté un collège privé français [de France] où il y avait très peu de Québécois. Mes camarades de classe étaient majoritairement des Européens de passage ou nouvellement arrivés au Québec et des anglophones de milieux aisés. Un sentiment \"anti-Québec\" sous-jacent m'a accompagné toute l'adolescence durant. La culture québécoise n'avait pas la cote - c'était absolument ringard, quétaine... Bien que natif du Québec, je ne me sentais pas québécois. Déménagés au Québec, mes grands parents paternels, pourtant francophones, lisaient The Gazette et affichaient un mépris pour tout ce qui était québécois; mépris qu'ils justifiaient par la mauvaise qualité du français parlé et écrit. Ils idolâtraient Trudeau père. Bien que ma mère monoparentale ait voté OUI au référendum de 1980, c'est l'influence fédéraliste de ma famille paternelle que j'ai davantage subi - parce que dans ma famille paternelle, la politique, on n'en mange à tous les repas.<br /><br />Mon véritable éveil politique s'est effectué au tournant de la vingtaine au rythme des hymnes anarchistes du groupe punk Dead Kennedys, dont je connaissais presque toutes les paroles par coeur. Tel un guru, le chanteur Jello Biafra m'inculqua son anti-autoritarisme libertaire et son mépris du patriotisme. Scandant \"Ni dieux ni maîtres\", je m'identifiais à une forme d'anarcho-communisme écologique et m'impliquais dans un groupe antifasciste, qui à l'époque s'opposait encore à de véritables fascistes, soit aux skinheads néonazis qui arboraient des croix gammées sur leurs blousons d'aviateur. Tout ce qui s'apparentait de près ou de loin à l'ordre établi et à la société de consommation représentait à mes yeux un adversaire politique. Me disant citoyen du monde, j'adhérais à un sentiment d'identité anti-patriote, voire anti-nationaliste et globaliste. L'opposition à l'impérialisme me conduit directement au rejet de l'occident dans son ensemble [et à la glorification du reste].<br /><br />Quand vint le référendum de 1995, je votai pour le OUI, vraiment pas par nationalisme québécois, mais par rejet du fédéralisme canadien, cadre que je percevais comme une structure plus contraignante, et surtout plus imposante. Il fallait voter OUI, ne serait-ce que pour assister au démantèlement d'un pays du G-7, groupe ennemi par excellence. De plus, étant fils d'immigrants [francophones, mais immigrants néanmoins], je ne pensais pas que j'avais le droit de m'opposer à l'indépendance du peuple québécois. Par contre, après l'échec du référendum de 1995, je ne voulais plus entendre parler de l'indépendance du Québec: j'en devenais carrément anti-nationaliste, voire hostile à l'existence même du Bloc Québécois. Je m'intéressais presque exclusivement aux enjeux internationaux et vraiment très peu à la politique québécoise.<br /><br />Au fil des années, mon anarchisme radical se modéra [il faut bien que jeunesse se passe], débouchant sur un socialisme libertaire plus nuancé. Au lieu d'aller annuler mes bulletins de vote, je me suis mis à voter pour des partis de gauche tels que le Parti Vert, puis ensuite le NPD et Québec Solidaire. Ce dernier me plaisait beaucoup parce que je ne le considérais pas nationaliste, et pas vraiment souverainiste. Je pouvais manifester mon appui à QS dans des cercles fédéralistes et/ou anglophones sans me faire considérer comme un \"maudit séparatiste\". La posture du partisan QS est décidément facile à assumer en territoire montréalais: on ne se sent adversaire ni des fédéralistes, ni des indépendantistes. Il y a compatibilité possible avec presque tout le monde.<br /><br />Sympathique au mouvement étudiant du printemps 2012, je ne rejoins les manifestations quotidiennes qu'à partir du décret de la loi 78, parce que je la jugeais liberticide. Ce qui m'amène à l'anecdote [pourtant pas si anecdotique] qui allait tout faire basculer: la vue d'une employée portant le voile islamique dans un commerce qui ne tolérait pas le port du carré rouge par ses employés...<br /><br />S'ensuit le projet de charte du PQ, que je rejetai à prime abord, à cause de ses imperfections et de son manque de cohérence. J'allais cependant sous peu l'appuyer manifestement en considérant combien cette mouture imparfaite s'avérait plus proche de mes convictions que l'hystérie d'une gauche libérale à laquelle j'avais jusque là considéré appartenir. Mon compte Twitter perdait des abonnements par dizaines: des sympathisants du NPD et de QS ainsi que des anarchistes qui me traitaient soudain d'intolérant, voire de raciste, parfois avec une intransigeance qui m'estomaquait, notamment de la part de certaines connaissances de longue date. Parallèlement, je tissais sur les réseaux sociaux, ainsi que dans la vraie vie, des liens avec des péquistes nationalistes. Ce n'est qu'à ce moment que je me suis davantage intéressé à la politique québécoise et à la question linguistique.<br /><br />Il faut ajouter que ma fréquentation d'un indépendantiste depuis le tournant des années 2010 m'avait, plus que jamais auparavant, exposé à la culture québécoise. À son contact, j'avais commencé à regarder les séries télévisées québécoises alors qu'avant, je regardais exclusivement des émissions américaines. Ce contact culturel, que j'ai parallèlement approfondi sur le plan musical, n'a certainement pas nuit à me faire aimer le Québec, et à susciter envers lui un sentiment d'appartenance.<br /><br />À l'automne 2013, je pris pleinement conscience de la menace posée par l'Islam politique et de l'urgence de s'extraire du multiculturalisme d'état imposé par la constitution canadienne. Je reconnu du même coup la mise en péril de la nation et de la culture québécoise, destinées à disparaître si soumises à ce même modèle de gestion. Avant cela, j'avais oscillé entre le manque d'intérêt pour la survie nationale et l'aveuglement volontaire.<br /><br />Au final, j'en suis venu à comprendre que les nationalismes constituaient les derniers remparts contre un néolibéralisme globaliste qui vise à tout uniformiser pour réduire l'individu à sa plus simple expression de consommateur. La gauche libérale multiculturaliste et sans-frontiériste m'apparaît comme l'idiote utile du système qu'elle devrait supposément combattre. La défense de l'immigration massive et l'inconditionnelle \"ouverture à l'autre\" conduit à un modèle communautariste qui va faire de partout une mosaïque de partout, et dont les Islamistes en quête de domination vont être les principaux à profiter. Qu'y a-t-il de souhaitable en ça?<br /><br />Voilà l'esquisse du parcours d'un \"citoyen du monde\" devenu patriote/nationaliste et indépendantiste québécois, d'un anarchiste devenu défenseur de l'État Nation, pour montrer qu'il est toujours possible pour quelqu'un de changer d'avis.",
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Déménagés au Québec, mes grands parents paternels, pourtant francophones, lisaient The Gazette et affichaient un mépris pour tout ce qui était québécois; mépris qu'ils justifiaient par la mauvaise qualité du français parlé et écrit. Ils idolâtraient Trudeau père. Bien que ma mère monoparentale ait voté OUI au référendum de 1980, c'est l'influence fédéraliste de ma famille paternelle que j'ai davantage subi - parce que dans ma famille paternelle, la politique, on n'en mange à tous les repas.\n\nMon véritable éveil politique s'est effectué au tournant de la vingtaine au rythme des hymnes anarchistes du groupe punk Dead Kennedys, dont je connaissais presque toutes les paroles par coeur. Tel un guru, le chanteur Jello Biafra m'inculqua son anti-autoritarisme libertaire et son mépris du patriotisme. 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